Romy Schneider

Publié le par Nicolas Jaillet

La première critique spontanée d' "Intruse" sur le site de la Fnac est assez dure, comme vous aller le constater. C'est lulu, de Belgique, qui dit :

"
copie de film ancien!

cette histoire est connue depuis un bon moment des jeunes filles qui aiment les films de princesse...ect car cette histoire est la copie conforme du film "la belle et l'empereur" avec Romy Schneider!!!"

Je ne nie pas que la trame narrative de mon livre a beaucoup à voir avec La Belle et l'Empereur, sorti en 1959, sur un scénario de Answald Krüger et Maria Matray. Je constate avec plaisir que la sortie de mon livre fait la promotion d'un film qui n'est pas si célèbre que cela et qui, malgré un scénario solide auquel je rends hommage très volontiers, n'a pas eu autant de succès qu'un Sissi, par exemple.
Je trouve cette critique un tantinet virulente. J'attends avec impatience que celles et ceux qui auront lu le livre (ce n'est pas le cas de notre ami(e) lulu) me donnent leur avis sur la question ; en attendant, ne boudons pas notre plaisir, et réfléchissons ensemble, si vous le voulez bien, sur la question du plagiat, de la réécriture, et de la propriété intellectuelle.

Dans le cas présent, que s'est-il passé ? Quand j'ai vu "La Belle et l'Empereur" je réfléchissais déjà à une histoire d'amour qui se passerait à Vienne, pendant la fameuse conférence. Le fait divers qui sert de support à "La Belle et l'empereur", à savoir : la liaison du tzar Alexandre avec une gantière qui lui a finalement refusé ses faveurs, m'était connue, et j'avais l'intention de partir de là. Comment éviter, également, de situer l'action du récit durant la nuit où se produit l'un des événements historiques les plus célèbres de l'Histoire, à savoir : l'évasion de Napoléon de l'île d'Elbe ? Tous ces éléments sont effectivement dans "La belle et l'empereur", mais ils apparaîtraient, je pense, dans n'importe quel récit sentimental sur la conférence de Vienne. 
Il y a des idées que j'ai empruntées directement à Answald Krüger et Maria Matay, j'en dresse ici une liste non exhaustive :
- Le nom des personnages principaux : Fanny, et Frédéric de Waldaw.
- Le gag du plateau.
Et… je crois que c'est tout. Mais je vous invite à compléter cette liste avec moi.

J'ai l'habitude de faire figurer à la fin de mes livres un court article qui tente de relever tous les emprunts que j'ai fait. C'est une idée que j'ai moi-même piquée au Long John Silver, de Björn Larsson. L'auteur avait l'honnêteté rare de citer ses principales sources. C'est une attitude démocratique, qui se dégage courageusement du narcissisme post-romantique de l'écrivain, et que je salue. De plus, quoi de plus agréable, à la fin d'un livre qu'on a aimé, d'être renvoyé aussitôt vers d'autres livres ?
Mes deux premiers romans : Sansalina et Le retour du pirate, contiennent de telles mentions, et je compte bien continuer de me livrer à cette pratique salutaire chaque fois que ça me sera possible.
Je profite justement de cette rubrique pour compléter ma liste :
- l'expression "pleine de mâchoires", p. 34 est employée par Tavernier dans son film La vie et rien d'autre ;
- Le personnage de Gottlieb Schnögell, qui saute de branche en branche est un hommage évident au Baron Perché d'Italo Calvino.
Encore une fois, j'invite les visiteurs du site à compléter cette liste.

Il est donc particulièrement ironique que l'on vienne m'accuser de plagiat. Je lis des livres, je vois des films, je regarde des expositions, j'écoute les gens parler, me raconter leur vie, et mes livres se nourrissent de ça. Je défie quiconque d'inventer une histoire de bout en bout. Au fait, les plus grands livres de fiction, ceux qui ont formé la matrice de notre imagination et de notre culture, sont des compilations de légendes populaires, en d'autres termes : de récits transmis de bouche à oreille depuis des temps immémoriaux et dont les auteurs sont légion. L'Iliade et l'Odyssée, les Travaux et les Jours, les Mille et Une nuits, ne sont pas autre chose. 

Comme disait Jacques Prévert dans Les enfants du Paradis : "Le public aujourd'hui veut de la nouveauté. Peuh ! C'est vieux comme le monde, ça, la nouveauté." 


Publié dans Opinions de moi

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