Faut-il publier ?

Publié le par Nicolas Jaillet

Quand on considère la masse effrayante de papier qu'on peut noircir avant de publier quoi que ce soit ; le temps qu'on passe à essayer de trouver un  éditeur ; la difficulté de recevoir un refus, enfin… des refus, je comprends qu'on soit découragé. Ajoutez à cela que, quoi qu'il arrive, le contact avec les lecteurs, dans les débats et les salons, est certes sympathique et intéressant, mais pour ceux qui ont par exemple une petite expérience de la scène, ça n'a rien à voir avec les sensations qu'on a quand on raconte en direct, en entier, un récit, et qu'on a la sensation de prendre part, avec tous les spectateurs, à un grand mouvement d'amour collectif. 
En bref : publier, pour quoi faire ? Ben… C'est tout de même important, à mon avis. D'abord, il y a de petits satisfecits, surtout quand on écrit pour a jeunesse, parce que les lecteurs vous écrivent des mots gentils, tout ça. Et puis, il y a l'objet. Une fois qu'on l'a entre les mains, son premier, son deuxième, son troisième vrai livre en papier, avec son odeur, sa couverture lisse et brillante… Eh bien, voilà, vous l'avez, votre petit instant d'éternité. Vous avez semé dans la société humaine votre petite graine qui vous survivra un jour, trois semaines, qu'importe. Qui vous survivra. 
Ce sont de petits plaisirs orgueilleux, certes, mais qu'il vienne, l'auteur qui me dira en face qu'il est à l'abri de ces vulgarités. Qu'il vienne, je l'attends. Plus gravement, je veux dire : plus fondamentalement, la question est surtout qu'il faut finir le geste. Il faut aller jusqu'au bout. L'écriture ne commence qu'au moment de la première lecture. L'histoire a prouvé que le nombre de lecteurs importe peu, du moins, qu'il n'a aucun rapport avec la qualité des œuvres. Mais écrire, c'est être lu. C'est là que ça se passe. 

Publié dans Opinions de moi

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