Un débat assez passionnant, pour une fois.

Les débats dans les salons du livres sont parfois mortifères, à force d'inviter toujours les mêmes auteurs à répondre toujours la même chose à toujours les mêmes questions. 

C'est pourquoi j'étais à la fois inquiet et enthousiaste, quand l'association Ulysse m'a demandé d'animer celui du dernier Salon du Polar d'Eaubone, samedi dernier. Je me rappelais un livre de Stephen King, que je vous recommande, qui s'appelle "On writing, a memoir of the craft"; traduit par "Ecriture : mémoires d'un métier". Au début du livre, SK raconte qu'il est à une table de restaurant avec plusieurs auteurs, et la conversation tombe sur les questions qu'on leur pose toujours ("combien est-ce que vous gagnez ?" "où est-ce que vous trouvez tout ça ?" etc.) ils rigolent un peu avec ça, puis l'un des auteurs a l'idée de retourner la question : "et, quelles questions ne vous a-t-on jamais posée ?" Et là, l'un des collègues réfléchit et dit : "on ne m'a jamais interrogé sur le langage".

Or, c'est tout le paradoxe : à mon avis, les auteurs de littérature captivante, en tant qu'ils ont obligation de résultat, pourraient, mieux que les autres, parler de style. En tout cas, quand ils s'y mettent, c'est assez clair, précis, parce que justement ils parlent des outils dont ils disposent, et contrairement à certains auteurs de la "blanche" que je connais, ils savent faire la distinction entre un infinitif et un passé simple, et ils savent encore ce que signifie l'aspect d'un verbe. Bref… 

Donc, j'y suis allé avec l'intuition que ce ne serait pas une mauvaise idée d'inviter les auteurs à parler de style. Ben, ça n'a pas raté. Organisateurs de salons, entendez la bonne parole : les auteurs de roman noir sont frustrés. On les prend pour des incapables, or, ils peuvent, aussi bien, mieux que d'autres, parler de langue, de style, de rythme, de poétique, voire de grammaire, eh oui !

Il y avait là : Dominique Manotti, Sylvie Coen, Roger Martin, Didier Deaninckx, Nathalie Garance, Jocelye Sauvard, Pierre Luneval, Sophie Couronne, qu'ils soient ici remerciés.